Fédération Française Union Touristique les Amis de la Nature
L’idée de la création du mouvement les « AMIS DE LA NATURE » est de « Georges SCHMIEDL » qui publia dans le journal « Arbeiterzeitung » journal des travailleurs à Vienne en Autriche les 22, 23 et 24 Mars 1895, une petite annonce invitant les travailleurs intéressés à se faire connaître. Il reçu une trentaine de réponses. Entre autres celles de Joseph ROHRAUER, étudiant en philosophie, d’Alois ROHRAUER ouvrier métallurgiste et de Karl RENNER, étudiant en droit. Les intéressés préparaient une première sortie pour le dimanche de Pâques soit le 14 avril 1895. Quatre-vingt cinq hommes et femmes se sont rencontrés à la gare de Vienne, apportant en signe de reconnaissance un numéro du journal « Arbeiterzeitung ».Après nombre de sorties, le groupe constitua une assemblée qui créa l’UNION TOURISTIQUE « LES AMIS DE LA NATURE ». Le 16 septembre 1895, au restaurant « Zum Goldenen Luchsen », cent quatre vingt cinq personnes assistaient à l’assemblée constitutive. C’est cette assemblée qui désigna Alois ROHRAUER comme président de la nouvelle association. La cotisation fut fixée à un gulden autrichien (une cotisation assez élevée pour les ouvriers de l’époque).
La nouvelle association avait besoin d’un insigne. Karl RENNER eut l’idée des mains jointes surplombées de trois roses des Alpes (roses sauvages) et c’est lui aussi qui dressa le projet qui porta comme sigle « Main dans la main, à travers monts et vallées ». L’union des deux mains jointes symbolisa la solidarité du mouvement ouvrier. Même Si Karl RENNER ne se porta pas au premier rang de l’U.T.A.N il en fût le président politique.
Le 15 juillet 1897 était publié le premier numéro de la revue « Der Naturfreund » (l’ami de la nature) qui n’était publié qu’en allemand. Ce premier numéro fut tiré à 400 exemplaires.
Le 14 Janvier 1900 c’est Alois SCHNEPF qui lors de la création de la section de Graz proposa le salut du mouvement: « Berg-Frei ». Une proposition qui fut acceptée à l’unanimité et qui souligna que la montagne devait être mise à la disposition du monde ouvrier.
En 1903, l’association comptait 4421 membres.Le mouvement se développa très vite et bientôt des sections se formaient en Allemagne et en Suisse avec le soutien des syndicats et des partis sociaux démocrates.
La première section allemande se créa en 1905 à Munich, en 1912 à Strasbourg, encore sous occupation allemande. Le 17 Avril 1905 une assemblée générale décida la construction d’un premier refuge dans la région du Brenner (en Autriche). Jusqu’au début de la guerre en 1914, les « AMIS DE LA NATURE » construisirent ainsi 24 chalets. Cependant les activités continuaient au ralenti durant la guerre de 14/18.
En 1917 le mouvement comptait 158 900 membres pour atteindre 200 000 en 1920 dans 1200 sections. La construction des refuges pour touristes devint une des tâches les plus importantes pour les « AMIS DE LA NATURE » et chaque section se mit à l’ouvrage. Lors de la dissolution du mouvement en 1933 par les autorités nazis et fascistes en Allemagne et Autriche, la société possédait 428 refuges dont 300 en Allemagne. La crise économique mondiale des années 30 avec ses millions de chômeurs, bouleversa aussi la vie des « AMIS DE LA NATURE » . Le mouvement connu nombreuses défections notamment en Allemagne. La prise du pouvoir par les sbires d’ Hitler sonna le glas du mouvement qui fut dissous en 1933: les militants pourchassés et les refuges confisqués. En 1934, le même sort fut réservé aux membres d’Autriche par la prise du pouvoir de Dolfûss. Une partie de l’avoir financier fut transféré en Suisse ou s’était replié le siège de l’internationale des « AMIS DE LA NATURE ». Il fallut attendre l’après guerre pour voir la reconstruction du mouvement.
Ces quelques lignes sont tirées de l’article de René NEPLAZ, écrit en 1997
pour la revue des A.N. de Thonon.
C’est en juillet 1929 que mon frère Georges et moi avec nos amis Maurice Bourdillon et Jean Venrach nous découvrîmes UBINE pour la première fois en montant au départ de la Revenette par le vieux chemin muletier de l’époque, passant sur l’ancien pont des 4 chemins et la chapelle de la Paraz où il bifurquait peu après sur la droite en traversant le vallon pour s’élever sur l’autre versant dans la forêt pour déboucher au début du vallon d’Ubine. Ce n’est que bien plus tard qu’on le fera passer par la barre rocheuse au dessus de la cascade, puis il sera amélioré et goudronné. Ubine (1470m) à 8 kilomètres de Vacheresse tire son nom de « UBH » nom celtique irlandais signifiant Pointe. A l’époque bien sûr, il n’y avait pas de refuge et y étant montés plusieurs fois par la suite, nous allions coucher dans le chalet à Guillermin, notaire de Boêge. C’est en 1934, lors de l’inauguration du refuge de Bise du CAF, dont nous avions été les instigateurs mon frère et moi que nous fîmes connaissance de Pierre Zbienen, professeur au collège de Thonon, et comme il faisait un peu de montagne, je lui avais suggéré qu‘Ubine serait aussi un coin idéal pour l’établissement d’un refuge.
Délégué régional de l’UFOVAL à l’époque de Léo Lagrange, l’idée lui était venue de créer une section locale à Thonon des « Amis de la Nature » et avec l’appui de certains thononais : Milo Bionda, le père Martel, Albert Christin, François Paccard, Jules Potier, Joseph Moynat, Paul Joly, Dunand et Bossoney, ce projet fut mis à exécution et en 1935 se créait la section locale des « Amis de la Nature » à Thonon.
Bossoney, possédant un vieux chalet plus ou moins en ruine à Ubine, en fit don à la société afin d’initier les jeunes à la montagne en les recevant dans ce chalet qui était à réaménager.
C’est ainsi que se créa la Section de Thonon des « Amis de la Nature » et que naquit le refuge d’Ubine baptisé le « C’MACLIE » (la crémaillère). Sommairement aménagé en 1935, il sera inauguré en 1936 avec une nombreuse assistance. Libérés du régiment par la suite nous avions adhéré à la Société et avec toute l’équipe du début (le père Christin et son fils Robert, Dédé Martel et son père, Fournier, Gilbert Schnée , Pierre Barone, Georges Mercier, Richard Brunet, François Paccard, René Laplace…..), nous montions de temps à autre pour le retaper. Construit avec un soubassement en pierres plus ou moins cimentées, avec des parois en bois, surmontées d’une bonne toiture, il pouvait à la fin accueillir soixante personnes environ.
Puis vint la période de guerre. De retour à Thonon en 1947, je repris contact avec le section. Les réunions se faisaient à la Brasserie Grey, place Jules Mercier. La Société s’était étoffée avec le venue de nouveaux membres : Guérin, Aubertin , Rochet, Spitz, Setti, Barrucand, Sabatier, Pittet, Néplaz…..
Un soir, lors d’une réunion chez Grey, un incident fâcheux et regrettable se produisit : Pierrot Zbienen démissionna et fut remplacé par Pierrot Néplaz comme Président. Il est vrai que la société avait périclité les dernières années et un souffle nouveau était nécessaire. Actif et entreprenant Pierrot Néplaz allait redresser la situation et me demanda si je voulais accepter d’être trésorier, ce qui fut fait ; et nous redémarrâmes sur un nouveau pied. Sorties d’hiver et d’été se succédèrent pendant plusieurs années. Les moyens de transport étaient toutefois restreints : il n’y en avait guère qui avaient une voiture. De ce fait, nous décidâmes d’acheter un vieux petit car d’occasion qui nous permettait de nous transporter pour nos sorties. Conduit avec virtuosité par notre ami Albert Pittet, il nous laissait cependant en panne plus d’une fois vu son état. Les voitures individuelles se faisant plus nombreuses, nous finîmes par le revendre.
Mais l’âge d’or était terminé pour nous. Pierrot Néplaz était parti en Afrique pour son travail. Ayant perdu ma fille, j’avais démissionné et la section périclita quelque peu sous l’égide de François Paccard qui avais pris la présidence. Remplacé un peu plus tard par Gérald Moynat, la société retrouvera un souffle nouveau. Secondé par une pleiade de nouveaux membres : Félix Dutruel, les Tamanini, André Chamot, Marius Martinet, Hubert Claudel, Poitoux, Henri Michoud, Raymond Fleury, Claude Curtil, Maurice Thomas, François Tupin, Marcel Dupraz et Consorts, il fera agrandir le refuge en faisant édifier un grand réfectoire et une ample cuisine, tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Situé dans le cadre merveilleux du vallon d’Ubine, dominé par l’imposante face nord du Chauffé, c’est l’agréable refuge des A.N. et comme les voitures y montent aussi, il est très fréquenté par les membres de la Société qui viennent y passer parfois plusieurs jours avec leur famille et par les touristes de passage.
René Néplaz