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Piolet ANTHONON Charlotte
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Mont de Grange
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Quand les Amis de la Nature rencontrent Le Messager.

Depuis 85 ans, les Amis de la Nature créent du lien autour de la montagne…

Certaines associations sont ancrées dans l’histoire d’une ville et de son territoires.
A Thonon les Bains, les Amis de la Nature en sont un parfait exemple.
L’organisation, qui fête ses 85 ans, n’a cessé de rassembler autour des valeurs de partage et de respect de la montagne.

Garder une trace et perpétuer un héritage.

Régulièrement, les Amis de la Nature publient un bulletin à l’adresse de leurs membres. En 85 ans, ces traces écrites sont devenues de précieux témoignages du passé. La parole d’anciens adhérents à notamment été recueillie pour retracer la riche histoire de l’association thononaise. La création du mouvement, les travaux colossaux au refuge d’Ubine, l’incendie au refuge de Montriond et les traces des différentes expéditions en montagne sont ainsi racontés dans un ouvrage réalisé par les Amis de la Nature. Il raconte également le temps de la Seconde Guerre mondiale où « les montagnes ont servi de refuge aux résistants ».

Extirper les familles des villes

Les trois retraités n’en sont toutefois pas à l’origine. Implantés à Thonon-les-Bains depuis 1936, les Amis de la nature sont en réalité un très large réseau d’associations à travers le monde. Quand un instituteur autrichien a l’idée de cette organisation en 1895, son objectif est de démocratiser les loisirs. « L’idée est d’enlever les familles des miasmes de la ville pour qu’elles aillent à la campagne le dimanche », souligne Jean-Paul Bondaz. Alors, quand la campagne à proximité est en grande partie constituée de massifs montagneux, comme dans le Chablais, les membres se forgent de riches expériences en la matière. « L’origine de l’antenne de Thonon vient de jeunes qui avaient envie d’en découdre avec la montagne sans grands moyens. Ils ont donc cherché une structure pour se fédérer », rapporte Jean-Pierre Jacquier.

Développer des liens par le biais associatif

Se fédérer, la notion revient souvent dans le discours des membres de l’association. Certains membres sont chefs de course agréés par la fédération française de la montagne. Dans les randonnées qu’ils organisent, leur responsabilité est « de savoir si les gens qu’ils vont emmener ont les capacités de suivre. Ils se mettent à leur service ».

Au sein des Amis de la nature, l’entraide est le mot d’ordre, personne n’est laissé sur le bord du chemin. Serge Dupessey résume l’état d’esprit : « On a conscience de savoir renoncer et personne ne nous le reprochera. » L’association promeut plutôt le lien social au travers de ses activités. Bien qu’exigeantes physiquement, ces dernières ne sont pas régies par l’esprit de compétition. Mais les Amis de la nature ont tout de même réalisé de grands défis comme remonter, sur plusieurs années, l’ensemble de la chaîne des Alpes en ski de randonnée, de Nice à Salzbourg, en Autriche. « Beaucoup n’auraient jamais accompli ces choses-là s’il n’avait pas été aux Amis de la nature », estime Jean-Pierre Jacquier qui résume ainsi toute la force du groupe.

Une association en avance sur son temps

La modestie au milieu de l’immensité des montagnes est une des valeurs transmises par des pionniers du mouvement comme Pierre Barone, figure emblématique de la Résistance dans le Chablais pendant la guerre. Il décrivait avec précision, dans des carnets, chacune de ses expéditions vers les cimes. Pour Jean-Pierre Jacquier, le discours de ces personnalités et le contact avec les membres de la section de Thonon ont été « un élément déclencheur. » « Leurs discours et leur comportement vis-à-vis de la nature m’ont sensibilisé et c’est pour ça que je me suis engagé dans l’écologie », ajoute celui qui a été vice-président du secteur Haute-Savoie de France Nature Environnement. Il se rappelle s’être senti « assez seul au début » dans ce militantisme. « Depuis une dizaine d’années, il y a un mouvement. De plus en plus de gens y sont sensibilisés », se réjouit-il désormais.

Le refuge d’Ubine, élément fondateur du groupe

L’histoire des Amis de la nature est indissociable de celle du chalet d’Ubine. Ses membres le décrivent comme « la pierre angulaire de l’association ». Perché à 1470 mètres d’altitude sur le territoire de la commune de Vacheresse, au pied du mont Chauffé, ce chalet d’alpage a été racheté à son propriétaire par les membres fondateurs dès les débuts de la section thononaise des Amis de la nature en 1936, « afin d’initier les jeunes à la montagne ».

Acquis dès ses débuts, le refuge d’Ubine est un élément fondateur des Amis de la nature.

La bonne volonté des membres

La réfection et les travaux sur ce bâtiment ont contribué à fédérer les membres du groupe au fil des années. « Le rénover, en équipe, dans la bonne humeur et la solidarité », rapporte un document de l’association. Les adhérents et certains de leurs proches artisans ont alors consacré une grande part de leur temps libre à ce chantier difficile d’accès. Datant d’avant-guerre, le témoignage d’une des membres, Josette Setti, a été conservé par l’association : « Nous n’avions pas de voiture, on prenait le car d’Abondance à 18 h place des Arts et on descendait à Vacheresse, puis en route par le Villard. Là, on chaussait de gros souliers ou skis et en avant sur le chemin empierré. La montée à pied vers Ubine s’effectuait souvent de nuit et en hiver sous les étoiles. C’était magique. »

Le chalet a ensuite été agrandi en 1967 puis rénové par des travaux de grande ampleur en 1991, toujours par la bonne volonté des membres de l’association. « C’était surtout du bénévolat », glisse Jean-Pierre Jacquier qui se souvient avoir « détordu des clous rouillés sur un rebord de fenêtre ». Pour lui, le refuge constituait « un émerveillement pour les gens de Thonon, pour les jeunes qui n’étaient jamais partis en montagne ». Avec Serge Dupessey, il se remémore cette époque, non sans une pointe de nostalgie, car les normes de sécurité imposent désormais des travaux réguliers effectués par des professionnels.

Initialement un chalet d’alpage, le refuge d’Ubine a connu plusieurs phases de travaux comme cette large phase de rénovation en 1991.

Un mode de gestion atypique

Mais le lieu représente toujours « cet esprit d’amitié et d’entraide entre les personnes ». Ouvert à tous, le refuge d’Ubine peut accueillir jusqu’à 43 personnes. « Sa bonne gestion permet d’assurer notre indépendance financière », explique le président Jean-Paul Bondaz. Un mode de fonctionnement rare puisque les lieux sont gardiennés l’été par des militants associatifs venus de toute la France, qui se relaient régulièrement. L’hiver, les randonneurs qui souhaitent y accéder doivent récupérer la clé dans le village de Vacheresse. Les Amis de la nature ont un temps compté un second refuge à Montriond qui fut détruit dans un incendie en 2002.

Pour les abonnés, accédez à l’article complet Valentin Dandré du journal Le Messager du 08 Juillet 2021,